top of page

[Repost] Ouïghours, et si on cherchait à comprendre ?

  • Photo du rédacteur: Mathilde R
    Mathilde R
  • 8 nov. 2020
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 17 sept. 2024




“Les grands silences permettent les grands crimes”

- R. Glucksmann - L’histoire du génocide culturel des Ouïghours


Le 1er Octobre 2020, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann lance via son compte Twitter puis Instagram la “vague bleue ciel”. Un mouvement qui consiste à remplacer sa photo de profil par un fond bleu ciel. Une action simple pour forcer l’interrogation chez la population : Pourquoi cette couleur ? Que signifie-t-elle ? L’eurodéputé incite ses centaines de milliers d’abonnés à réagir, à partager, mais surtout à s’instruire sur ce “génocide culturel” silencieux mené par le gouvernement chinois depuis 2010 dans la région du Xinjiang au Nord-Ouest du pays. Revenons sur l’identité de ce peuple massacré injustement, sur leurs conditions de (sur)vie ainsi que sur les moyens mis en place à travers le monde pour tenter de venir en aide à cette minorité menacée.




Des mesures répressives anciennes


Turcophone et de religion musulmane, la communauté Ouïghours est l’une des 56 ethnies qui composent la Chine. A l’origine nomades, ils se sont sédentarisés et installés dans la région du Xinjiang, une région autonome sous la direction de la République Populaire de Chine, un territoire qui représente 16% de la surface totale du pays. Le Xinjiang ne fut annexé par la Chine qu’en 1759, ainsi, la population Ouïghours ne s’identifie pas comme “chinoise” mais bien comme une communauté à part entière. A partir de la Révolution culturelle de Chine en 1966, c’est une politique violente qui se met en place contre les minorités principalement Tibétaines et Ouïghoures. Il s’agit pour la République Populaire de Chine d’unir la population autour d’un même culte, celui de la nation, et donc de faire peu à peu disparaître l’identité des populations en leur enlevant leurs coutumes, religions et langues. L'année 1976, après la mort de Mao Zedong, marque le début d'une période plus calme, le pays cherche à s’ouvrir davantage. Le Gouvernement chinois revient sur sa politique d’intégration qu’il avoue trop sévère : les minorités sont reconnues et disposent de plus de libertés quant à leur identité originelle.

En 2013, les attentats de Pékin bouleversent le pays. Dès lors la République populaire de Chine veut supprimer le problème. Soit annihiler le terrorisme en écrasant la communauté et la culture Ouïghoure. Il s’attaque alors à toute la population Ouïghoure, aux Kazakhs et aux habitants du Xinjiang sans distinction et de manière arbitraire. Un génocide silencieux s’amorce alors lentement au cœur de la Chine, bien loin des droits de l’Homme. Ainsi, ce sont des hommes, des femmes et des enfants innocents qui commencent à souffrir en silence.




Des répressions qui bafouent les Droits de l’Homme


Officiellement, la Chine lutte contre le terrorisme depuis les attentats de Septembre 2001 (une politique largement renforcée après les attentats de Pékin en 2013) par des interdictions telles que : interdiction pour les jeunes d’aller à la mosquée, interdiction de se laisser pousser la barbe, de posséder un exemplaire du Coran, de porter un voile, de parler arabe, etc… Le Gouvernement cherche également à coloniser le Xinjiang depuis les années 1950 en envoyant des familles Hans ( le peuple le plus représenté en Chine soit ~92% de la population au XXIème siècle) peupler la région. De ce fait, la population Ouïghoure, autrefois majoritaire dans cette province, se voit réduite à environ 40% de la population totale de la région. Des cadres favorables à la République populaire de Chine sont envoyés dans les familles Ouïghoures, ces “faux cousins” sont chargés de surveiller ces familles et de les noter, cette note déterminera l’envoi ou non de la famille en camp.

Chaque individu connu, reconnu, dénoncé ou considéré comme Ouïghour est surveillé par le Gouvernement puis, bien souvent, déporté dans ces camps de “formation professionnelle” où ils sont torturés, battus à mort, violés (femmes et hommes), les femmes de moins de 51 ans sont stérilisées de force tandis que les enfants sont séparés de leurs familles puis envoyés dans des orphelinats où ils sont éduqués selon les codes et voeux du parti communiste chinois. On observe une baisse de la croissance démographique de la population Ouïghoure à hauteur de 84% entre 2014 et 2019, une chute alarmante due aux stérilisations forcées et à l’internement massif des hommes. Enfermés dans un silence imposé, les Ouïghours ne peuvent parler entre eux de ce génocide, encore moins en dehors de leur région et certainement pas hors de la Chine.

Seuls face à la cruauté injustifiée de l’autorité sous laquelle ils sont placés, ils sont impuissants et affrontent la mort de leurs proches pieds et poings liés.




Le monde réagit


En Novembre 2019, le New York Times diffuse 400 pages d’un dossier qui aurait “fuité” des mains du Gouvernement chinois. Dans ces documents, c’est une politique totalitaire et concentrationnaire (= relatif aux camps de concentration) qui transparaît. De ce fait, c’est un problème majeur, déjà dénoncé par de nombreuses ONG et par les Ouïghours exilés, qui éclate aux yeux du monde : les puissances internationales ne peuvent plus ignorer la question, il s’agit alors d’agir à l’échelle mondiale contre la Chine pour cesser ce génocide ethnique. Donald Trump entend faire preuve de fermeté auprès de ces électeurs en plaçant une dizaine d’entreprises chinoises sur la liste noire des Etats-Unis, prouvant ainsi l’engagement de l’État dans la cause Ouïghoure. En Europe, aucune action concrète n’a été menée jusqu’à aujourd’hui. Raphaël Glucksmann, engagé depuis le début du génocide pour la cause Ouïghoure, continue son combat en diffusant un maximum d’information et en incitant les citoyens à agir. Notamment en assaillant l’ambassade de Chine de mails le jour de la Fête Nationale (1er Octobre 2020), en incitant les mairies à signer la pétition destinée à Emmanuel Macron et en les encourageant à signer eux aussi cette pétition, dans le but de sanctionner la Chine et de libérer la population du Xinjiang de cette oppression.

De nombreuses marques ont également été dénoncées - soit 83 grandes marques dont : Amazon, Nike, Apple, Samsung, H&M, Lacoste, BMW, Land Rover, et de nombreuses autres marques. Vous trouverez une liste complète à la fin de cet article - accusées de faire appel à des sous-traitants qui utilisent les Ouïghours forcés à travailler dans les camps. Un appel au boycott de ces marques a donc été lancé pour forcer celles-ci à changer leurs sous-traitants et à montrer leur engagement auprès de la cause Ouïghoure. Certaines d’entre elles, ont d’ores-et-déjà pris conscience de la situation (nombre de ces marques n’étaient pas au courant de l’utilisation des Ouïghours par leurs sous-traitants) et changé leurs moyens de production.

La population mondiale attend encore beaucoup d’efforts de la part des différents dirigeants du monde, et notamment de l’Europe qui n’a pas encore engagé de sanctions concrètes contre le Gouvernement chinois qui continue de nier de telles conditions de “rééducation”. 39 pays ont l’intention d’engager un combat diplomatique contre la Chine dans l’espoir de libérer les minorités. Mais 55 autres Etats soutiennent la Chine, mettant en avant l’efficacité de la politique antiterroriste menée par le pays. La puissance économique que représente la Chine devient une réelle entrave à la libération des minorités opprimées. C’est un long combat qui se profile pour le monde, mais le temps manque pour la communauté Ouïghoure qui souffre depuis trop longtemps.




Et toi, comment peux-tu aider ?


  • En privilégiant les produits traçables (dont tu peux facilement retrouver la provenance des composants, particulièrement dans le domaine du textile)

  • En évitant un maximum de consommer des produits appartenant aux marques utilisant le travail forcés des Ouïghours (tu trouveras la liste des marques à l’éthique douteuse en fin d’article, ainsi que celles qui ont déjà changé leurs sous-traitants)

  • En signant des pétitions dans l’intérêt des Ouïghours

  • En te documentant davantage sur la question : le savoir c’est le pouvoir.

  • En partageant les publications que tu juges utiles pour la cause, les réseaux sociaux permettent la diffusion et incitent à la défense de nombreuses causes.

  • En soutenant des associations qui se battent pour les Ouïghours, un don, même de 1€, reste un don et mis bout à bout les efforts de chacun ont un grand impact.




Rappel


Cet article est le résultat d’un travail amateur de documentation, il ne peut donc pas être considéré comme une source fiable à 100%. Il s’agit d’un travail de synthèse sur les recherches que j’ai pu effectuer à titre personnel et n’aborde le sujet du génocide Ouïghour que de manière superficielle, de nombreux aspects n’ont pas été évoqués, je vous invite à consulter d’autres articles comme ceux mentionnés ci-dessous pour compléter vos connaissances.


Article rédigé durant mon année de Terminale soit en 2020




Liens utiles :





Sources :



Comments


bottom of page