Cabaret de l´exil : Femmes persanes — Prolongation d´une ode à la femme-monde
- Mathilde R
- 12 janv. 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 août 2024
Depuis le 20 octobre Bartabas nous invite, le temps d´un entretien silencieux, dans son théâtre d´Aubervilliers, un rendez-vous qu´il a souhaité prolonger jusqu´en mars.
Au cœur du théâtre intimiste de Zingaro, une lune d´eau se profile. Une eau rouge au cœur de la piste : le sang des guerrières, des cavalières, celui des femmes persanes. Un écrin de cendre, souligné de rouge, couleurs de Zingaro dans lequel se joue une ode à la femme-monde, le troisième cabaret de l'exil signé Bartabas revient aux temps du matriarcat, où le cheval est loi, symbole de force, d´endurance et de courage. Une valse dans l'obscurité, de la terre jusqu'au ciel, les artistes font voyager le spectateur, murmurent au creux de l´oreille de la spectatrice : je suis moi, je suis femme, je suis monde. Bercés par les musiciennes iraniennes, il s'agit d'admirer, à la lueur de la bougie, le pas de ces chevaux dans lesquels marchent les femmes. Jeu de voiles et de silence, Femmes persanes est un chant de passion et de bravoure.
Un spectacle lyrique aux couleurs chatoyantes où le vêtement est vecteur d'une identité, d'une sororité. Sequins, rouges, verts, bleus…, le mundus muliebris est ici décentré, revisité pour servir l´image d´une femme forte, égale de l´homme, mais toujours belle et sensible. Dans le microcosme de la piste circulaire, sur cette eau où leurs gestes se reflètent, la femme s'écrit au contact du cheval, en harmonie avec les éléments. La voltige et les danses aériennes se meuvent, se transforment, pour invoquer les flammes : pluie d'étoiles sur l'eau écarlate de Zingaro. Puis un final éclatant, dans un grand galop qui transperce la piste, des Amazones sur des montures aux robes désertiques. Comme toujours chez l'artiste, l'équidé vient sublimer la poésie humaine. Une esquisse fine de la relation ancestrale qu'entretiennent l'Homme et le cheval, avec en son centre l'amour de l'expression équine, de ses allures et de son regard. Ânes et chevaux, compagnons de voyages et montures vaillantes, élèvent femmes et hommes, valsent avec eux. Le temps d'un tango en longues rênes ou d´une galopade effrénée, il retrace l'histoire d'un peuple nomade et devient le fil rouge du voile persan.
Crédits photo : Hugo Marty
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